De la graine à la fibre
Le Semis
La graine de lin est semée au printemps, entre le 15 mars et le 15 avril lorsque la terre commence à se réchauffer. Après avoir préparé finement la terre, nous semons environ 2 000 petites graines de lin par m²… soit 20 millions pour produire un hectare de lin.
Nous choisissons parmi une vingtaine de variétés de lin textile de printemps telles que Alizée, Aramis, Eden, Bolchoï… celles qui seront le plus adaptées à notre terroir. L’ensemble des semences utilisées sont certifiées par l’Etat pour leur qualité sanitaire et leur pouvoir germinatif.
Pour obtenir du lin de qualité, la culture ne revient sur une même parcelle que tous les 6 ans.
La croissance
Un printemps doux et régulièrement pluvieux assurera la croissance du lin. Il faut 100 jours à la plante pour atteindre sa maturité. A ce stade, chaque tige mesurera 1 mètre et comptera une centaine de feuilles. La bonne qualité du sol doit permettre au lin de développer ses racines à une profondeur d’au moins 1 mètre.
Sans être certifié biologique, notre lin est une culture écologique. Pendant ses 100 jours de croissance, un hectare de lin va capter 3,7 tonnes de CO2. Sa culture ne nécessite pas d’irrigation, l’eau de pluie est suffisante pour assurer son cycle végétatif. Il permet, à l’échelle européenne, d’économiser 650 millions de m3 par an par rapport à une surface équivalente en coton. Enfin, les ressources du sol suffisent à nourrir la plante qui a un faible besoin en azote.
La floraison
Mi-Juin, les champs de lin se parent d’une jolie couleur bleue. C’est la période de floraison. Ce spectacle éphémère est réservé aux matinaux…puisque les petites fleurs bleues ne sont visibles que pendant quelques heures le matin. Mais la floraison d’une parcelle est étagée pendant environ 2 semaines, pendant lesquelles de nouvelles petites fleurs apparaissent chaque matin. La fibre a alors atteint sa hauteur maximale et les capsules contenant les graines vont commencer à se former.
Ces immensités bleues ont inspiré de nombreux artistes, notamment Louis Aragon qui écrivait :
Un grand champ de lin bleu dont c’est l’étonnement. Toujours à découvrir une eau pure et profonde. De son manteau couvrant miraculeusement. Est-ce un lac ou la mer les épaules du monde, Devine…
L'arrachage
En juillet, le lin atteint sa maturité, stade caractérisé par un jaunissement de la tige, la chute des feuilles, et le brunissement de la capsule contenant les graines. C’est le moment d’arracher le lin du sol de façon mécanique, grâce à une machine spécifique. Il faut extraire du sol la plante entière car la fibre textile court des racines au haut de la tige.
Une fois arraché, le lin est déposé au sol en andains réguliers et d’épaisseur homogène. Dès qu’elles sont posées au sol, les tiges de lin ont besoin de quelques jours de soleil pour sécher afin d’entamer leur processus naturel de rouissage.
Le rouissage
Le rouissage du lin est la première phase de transformation de la plante. Il est déclenché par l’alternance de pluie et de soleil, conditions nécessaires au développement sur le lin des micro-organismes et bactéries naturellement présents dans le sol.
Une fois remontés sur le lin, ces micro-organismes vont dégrader la pectose de la tige, dissociant ainsi les fibres textiles de la partie ligneuse de la plante. Cette transformation est donc totalement naturelle.
Pour un rouissage homogène du lin, il faut le retourner régulièrement. Là encore, c’est tout le savoir-faire du liniculteur qui permettra d’apprécier au mieux le moment opportun pour le faire.
Chaque année, en fonction des conditions météorologiques durant la phase de rouissage, la teinte du lin sera différente, produisant ainsi un nouveau millésime.
La récolte
Après plusieurs semaines posé sur le sol, lorsque le rouissage a atteint un niveau de qualité optimal, le lin est prêt à être ramassé.
Nous pressons alors la paille de lin en balles rondes, chacune étant liée avec de la ficelle de lin. Un hectare de lin permet de presser 30 balles, qui seront immédiatement stockées sous abri dans l’attente du teillage. Chaque balle pèse environ 250 kg et contient environ 25% de fibre textile dite “filasse”.